chapitre quatrième
Chapitre 4 : Où Emeline donne à Florentin les trois ordres d’Agathe.
Emeline prit une forte inspiration.
- La première épreuve sera de pénétrer dans la Réserve
- Non ! s’écria Florentin. Non !
- Silence, tous les deux, ou je vous expulse ! hurla C… de son bureau.
- On dit que la Réserve
- A-t-il réellement l’air diabolique ?
- On dit que c’est l’Enfer de la bibliothèque. On dit qu’il y cache des ouvrages osés… Enfin vous me comprenez… chuchota-t-il en baissant chastement les yeux.
- Je peux vous dire que toutes ces rumeurs sont mal-fondées puisque j’y ai moi-même pénétré il y a bien longtemps, sans qu’il le sache, pour y emprunter un ouvrage de mathématiques… Que je lui ai point rendu. Vous devrez l’y remplacer… A son insu.
Florentin était devenu blême et claquait des dents.
- Agathe, murmura-t-il, les yeux dans le vague. S’il faut que je fasse cela pour toi, je le ferai. Dussé-je mourir par la main de C…, je mourrai pour toi…
- La deuxième épreuve sera de persuader quelqu’un. Connaissez-vous la baronne de N…?
- Je crois que tout le monde la connaît ici-bas… Elle est célèbre pour faire souvent, le lundi soir, des causeries sur les auteurs latins. Je ne m’y suis jamais rendu, mais l’on dit qu’elles sont mortellement ennuyeuses …
- Vous devrez vous rendre à ces causeries et signifier doucement à la baronne que lorsqu’elle parle des Latins elle est un peu emm… enquiquinante, et tenter de la faire aller un peu plus vite… Je suis sûre qu’elle y gagnerait.
- Est-ce si facile que cela ?
- Vous n’y avez jamais assisté. Vous ne lui avez jamais parlé.
- Et la troisième épreuve ? …
- Sera seulement d’accomplir une action belle et généreuse…Aider un être en difficulté, par exemple.
- Je me rendrai dès demain chez le marquis d’Arsunian, mon fidèle ami. Il me recommandera certainement quelque pauvre ouvrier à qui je pourrai porter secours. Est-ce là tout, madame ?
- Ce ne sont pas des épreuves de moindre importance, mon cher ami.
- Oh ! N’est-il point normal de souffrir un peu pour celle que l’on aime, surtout si elle est la plus belle et la plus généreuse du monde ? N’est-il point normal d’endurer pour elle de justes tourments ? N’est-il point normal de mettre pour elle ses plus profondes craintes à nu, comme elle me le demande en m’ordonnant d’affronter C… dont j’ai si peur ? N’est-il point normal pour elle d’être doux comme elle est douce, et pour elle de sauver quelques jeunes gens de l’ennui le plus fatal ? N’est-il pas…
- Dehors ! chenapans ! cria C…, semblable à un monstre terrifiant sorti des âges anciens. Les conversations privées sont interdites à la Médiathèque